RESTRICTION DES DEPLACEMENTS POUR CAUSE DE CORONAVIRUS: Le Président de la FSF raconte son «semi-confinement» à Gorée

Me Augustin Senghor fait partie des autorités sportives sénégalaises que la lutte contre le Coronavirus a manifestement fait changer de quotidien. Président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), l’avocat d’affaires, membre de la Confédération Africaine de Football et de la FIFA, dont les déplacements à l’étranger sont restreints, raconte sa situation de «semi confiné», à l’île de Gorée, où il remplit pleinement sa mission de maire, en cette période difficile.

«Je gère cette période assez difficile de restriction des déplacements, de manière très sérieuse et très rigoureuse. Etant entendu que, compte tenu de mes activités, je ne peux pas être en confinement total. Je suis, pendant une partie de journée, à Gorée. Mais très souvent, le matin, je vais à Dakar pour gérer les affaires de la fédération et du cabinet. Pour le reste du temps, quand je suis à Gorée, où je reste maintenant le plus longtemps, j’en profite pour mettre en place le dispositif de sensibilisation, surtout d’appui aux populations de l’île de Gorée, dont je suis maire»

«Je voyageais en moyenne deux fois par mois»
«Je dois dire que, quelque part, le fait qu’il n’y ait plus de transport aérien, est une bonne chose pour moi. Ça me permet de me reposer assez longtemps. Depuis très longtemps, je voyageais en moyenne deux fois par mois, pour aller à des réunions, des congrès, des matches, à des activités de la CAF ou de la FIFA. Et là, au moins, je suis plus proche de mon lit, de ma famille, de mon pays. Je pense que c’est important !
Mais il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, le coronavirus nous permet de voir que nous pouvons travailler à distance et surtout échanger, se réunir sans être ensemble sur le même endroit. Et tout ça, c’est formidable. Nous continuons à être en contact avec les autorités de la FIFA, de la
CAF dans le cadre de notre tâche en tant que membre du Comité exécutif de la CAF et même du Comité d’urgence qui intervient, le plus souvent, actuellement, sur les dernières décisions. J’interviens par téléconférence, WhatsApp, téléphone, les réseaux sociaux et tout.
Pour la fédération, au niveau local, et la mairie aussi, c’est beaucoup de travail à distance. Parce que les moyens de communication existent et permettent de gommer les distances. Ça nous montre même que nous aurions pu économiser et préserver la nature en voyageant moins, en prenant moins les voitures, mais en travaillant chez nous ou bien à distance. Je ne pourrais pas dire que c’est le bon côté. Mais en tout cas, la leçon qu’on doit tirer, c’est que le coronavirus nous éduque à vivre autrement dans le monde et à travailler autrement et surtout à préserver nos relations humaines entre amis, entre membres d’une même famille et surtout à préserver l’environnement. Parce que l’environnement est le grand gagnant de cette histoire».

«Il y a, certainement, plus fort que nos passions de la vie»
«Mon message sur la lutte contre le Covid-19 est très simple. Aujourd’hui, nous traversons tous une période très difficile. Mais nous devrons essayer de nous adapter et gérer nos différents sevrages de football ou de sport pour les sportifs, de culture et de travail, pour certains. Il en est de même pour les sevrages de ressources. Et tout ça montre la gravité de cette situation actuelle que nous vivons.
La situation actuelle nous montre qu’il y a, certainement, plus important et plus fort que nos passions de la vie. C’est pour cela que je demande à tout le monde de se battre ensemble. Puisque c’est ensemble que nous gagnerons contre cette adversaire. Je sais que, très bientôt, tout reviendra à la normale. Parce que je crois qu’évidemment et souvent, comme dans le passé, la capacité de résilience humaine finira par prendre le dessus.
C’est le mot que je veux lancer à tous les Sénégalais : un mot d’espoir. Il faut que tout le monde se mette derrière les autorités. Et je sais qu’à la fin, nous triompherons de ce redoutable virus.

Du sport pour évacuer le stress, l’inactivité…
«Mes activités sont éparpillées entre Gorée et Dakar. Je suis maire à Gorée, avocat et président de fédération à Dakar. Certains jours, le travail commence à Dakar, et l’après-midi je viens à la mairie avant de finir par une activité sportive avec de la marche et des exercices physiques, dans l’ile. C’est ça qui rythme mon quotidien de semi-confiné. Et je le porte bien. Je m’adapte à la nouvelle situation en restant actif, bien entendu, professionnellement, mais à mi-temps. Je m’adapte aussi en étant actif sportivement. Parce que c’est important.
D’abord en faisant du sport, ça me permet d’évacuer beaucoup de charges liées au stresse mais aussi liées à l’inactivité et l’oisiveté. Ça permet surtout de faire vivre notre corps. Et je dois dire aussi, sans exagérer, que ça fait presqu’une trentaine d’années que je n’avais pas pris de congé. Donc ça devient des semi-congés mérités où je profite pour me détendre dans l’île. Je ne sors jamais dans l’ile.
Par exemple, là du vendredi au dimanche, je serai à Gorée confiné. Mais comme Gorée c’est une grande maison et que je suis maire, je pourrai, un peu, circuler partout dans l’ile».

Propos recueillis par
Youssouph BADJI
Source : VOXPOPULI